Critique : « Camille redouble » de Noémie Lvovsky

Le pitch de « Camille redouble » fait penser à un « Big » à l’envers : Camille (Noémie Lvovsky), la quarantaine bien trempée (dans l’alcool)  se fait larguer par son mec, et après avoir fait réparer sa montre par un horloger un peu spécial (Jean-Pierre Léaud), se retrouve au lendemain de la St Sylvestre 25 années plus tôt. C’est à l’hôpital qu’elle se réveille, en 1985, après un réveillon trop arrosé.

Elle a de nouveau 15 ans et sait tout de ce qui va lui arriver : la rencontre avec Eric (Samir Guesmi), l’homme de sa vie, dont elle tombera enceinte à l’aube de ses 16 ans ; la mort de sa mère (Yolande Moreau), juste avant qu’elle lui annonce la nouvelle, et le futur échec de son couple qui lui brisera le coeur…

A partir de là, le choc que connaît Camille de se retrouver téléportée dans sa vie d’ado, parfaitement consciente de son véritable âge et forte de son expérience de la vie, provoque des situations tour à tour désolipantes (il faut voir le sort qu’elle réserve à son futur ex quand elle fait – à nouveau – sa rencontre) et émouvantes, comme lorsqu’elle enregistre sur un magnétoscope d’un autre âge la voix de sa mère qui parle à une abeille pour la conserver à jamais. Elle retrouve ses copines (toutes géniales dans leur genre) et revit ses jeunes années avec son regard d’adulte parfois désabusée mais à la fois surexcitée de retrouver sa jeunesse passée. Qui n’a jamais un jour rêvé de retrouver ses belles années, ses amis d’enfances et ses premières boums ?

la boum

« Camille redouble » nous offre donc à travers les yeux de son interprète principale un come-back assez jouissif dans les années 80, sur fond musical de Nena et Walking on sunshine avec ces looks improbables faits de pulls trop larges et de vêtements bariolés. Une époque révolue que l’on découvrira ou revivra (selon son âge) avec le même plaisir que cette quadra un peu folle et véritablement irrésistible.

Cette histoire est également un prétexte pour poser les questions que tout le monde a dû un jour se poser à un certain moment de sa vie : que ferais-je si je pouvais remonter le temps, tout recommencer ? Est-ce que je choisirais un autre chemin ? Des interrogations qui ne cessent de travailler Camille pendant cette étrange expérience, elle qui fait tout pour ne pas retomber dans les bras de l’homme de sa vie, mais qui ne peut pas lutter contre ses sentiments. Si on comprend vite que Camille décidera de ne pas changer la trajectoire amoureuse de sa vie, la fin du film reste ouverte et ne répondra pas à toutes nos questions sur l’avenir de son couple.

« Camille redouble » est un film simple et léger, une sorte de madeleine de Proust au goût doux amer qu’il est recommandé de goûter.

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