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Retour sur la master class de Tim Burton à la Cinémathèque française

Tim Burton à la cinémathèque française
Tim Burton à la cinémathèque française

Après avoir rendu hommage à Steven Spielberg et à son impressionnante filmographie à l’occasion de la sortie de son dernier opus, « Cheval de Guerre« , c’était aujourd’hui au tour d’un autre grand cinéaste américain d’avoir le droit à sa master class à la Cinémathèque française. En préambule à l’exposition qui lui est consacrée à partir du 7 mars, Tim Burton est revenu sur sa filmographie et sa vision du cinéma pendant une petite heure.

En introduction à cette discussion, la scène du film « Ed Wood », biopic en noir et blanc sur « le pire réalisateur de l’histoire du cinéma », dans laquelle le metteur en scène organise le vol d’une fausse pieuvre géante avant de filmer son combat avec Bela Lugosi, le vieil interprète de Dracula oublié de tous (Martin Landau). Un film singulier dans la filmo de Burton, tourné en 1994 en noir et blanc et en prise de vue réelle, dont il dit se sentir proche dans sa vision illusoire du cinéma, et sa passion vibrante pour ses films, si modestes et médiocres soient-ils, à la dynamique curieuse. Même si lui ne « s’habille pas en femme ».

L’ENFANCE ET SES SOURCES D’INSPIRATION

Tim Burton revient ensuite sur la dimension personnelle de son oeuvre. Son enfance à Burbank, dans la banlieue de Los Angeles en Californie où il se sent à l’écart, isolé. Un sentiment qu’on retrouve dans l’un de ses premiers courts, « Vincent », ou encore dans« Edward aux Mains d’argent » avec son alter ego Johnny Depp. Un environnement qui explique aussi son goût pour l’expressionnisme allemand et les films d’épouvante de seconde zone, « parce que quand il fait beau tout le temps, on n’a pas cette dimension onirique ». Burton découvre alors des films étranges de seconde zone à la télé, comme « Godzilla », ou « Dr Jekyll & Sister Hyde ».

Edward aux Mains d'argent
Edward aux mains d'argent

L’ANCIEN HOLLYWOOD ET LA NOUVELLE GÉNÉRATION

Interrogé sur ses liens particuliers avec les vieux acteurs de l’ancien Hollywood (Vincent PriceChristopher Lee…), qu’il fait tourner avec des valeurs montantes comme Johnny Depp, Tim Burton explique qu’il leur voue un culte depuis l’enfance et qu’ils font partie de ses sources d’inspiration. Il est donc naturel pour lui de vouloir leur offrir des rôles, et s’effare qu’un producteur « enterre » un acteur comme Christopher Lee avant l’heure, ne voulant pas en entendre parler car jugé trop ringard (c’était bien sûr avant la saga du « Seigneur des Anneaux » et « Star Wars »). L’animateur revient également sur le fait que, comme dans « Mars Attacks », les parents sont souvent évacués de ses films, au profit d’une relation étroite entre enfant et grand-parent. Tim Burton y voit là encore un signe de son histoire personnelle, lui qui a vécu à partir de 10 ans chez sa grand-mère.

Tim Burton, Vincent Price et Johnny Depp
Tim Burton, Vincent Price et Johnny Depp sur le tournage d'Edward aux mains d'argent

UN CINÉMA ARTISANAL

Sur sa façon de travailler, Burton évoque le dessin. Ancien animateur et story boarder chez Disney (il a notamment travaillé 8 ans sur « Rox et Rouky »), il a pris l’habitude d’effectuer des travaux préparatoires sous forme d’esquisses très littérales. En ce qui concerne les effets visuels, très présents dans l’ensemble de ses films, il rejette désormais l’écran vert, avec lequel il a du mal à travailler tout comme ses comédiens. Il préfère utiliser des décors naturels ou artificiels autant que possible, et des techniques comme la perspective forcée sur des films comme Sleepy Hollow. Un manque de confiance envers la technologie qu’il soulève avec pas mal d’humour quand son oreillette tombe en panne et que la traduction cède la place à « une station de radio ».

Village de Sleepy Hollow
Village de Sleepy Hollow

LA STOP MOTION

En ce qui concerne ses films d’animation, il préfère la stop motion (animation de marionnettes image par image) aux images de synthèse, car il trouve très émouvant et satisfaisant le fait de voir quelque chose être animé image par image à la main, par des artisans qui façonnent des personnages et des accessoires minutieusement. Une technique qu’il voulait absolument utiliser sur « L’Étrange Noël de M. Jack », ultérieurement choisie pour « Les Noces Funèbres » et « Frankenweenie » qui sortira bientôt.

Frankenweenie
Frankenweenie

LA MUSIQUE, PERSONNAGE À PART ENTIÈRE

Interrogé sur ses liens avec Danny Elfman, sur lequel il a collaboré dès leur premier film commun, « Pee-Wee’s big adventure », Tim Burton confie l’avoir découvert alors qu’il jouait dans un groupe de pop surréaliste à Los Angeles. Pour lui, « sa musique est presque un autre personnage » de ses films, qui s’inscrit entièrement dans l’histoire au côté de ses protagonistes. Danny Elfman a depuis travaillé sur l’ensemble des films du réalisateur, à l’exception de « Ed Wood ».

LE CINÉMA COMME THÉRAPIE

Quand on lui demande pourquoi il fait du cinéma, Tim Burton répond qu’il ne se voyait pas faire un métier normal, et que plus sérieusement il avait beaucoup de chance d’avoir les moyens de faire des films qui sont pour lui une sorte de thérapie. « On me paie pour exorciser mes traumatismes et autres cauchemars. Je rencontre des artistes fantastiques, c’est toujours quelque chose de nouveau et de spécial ». « J’ai eu tellement de mal à m’exprimer verbalement, il fallait que je fasse passer par l’image certaines choses », explique-t-il.

Une heure, c’était à mes yeux bien court pour évoquer la très riche filmographie de ce réalisateur surdoué, maître du fantastique, mais c’était un bon teaser pour aller voir l’expo et découvrir les maquettes, dessins et autres travaux de l’artiste.

Le meilleur de Tim Burton en 2 minutes 30

À l’occasion de la master class de Tim Burton à la Cinémathèque française, et de l’exposition consacrée à l’ensemble de l’oeuvre de cet étrange et fantastique réalisateur qui s’y tiendra à partir du 7 mars, découvrez ce petit montage réalisé par un fan qui compile les 14 longs métrages de l’artiste.